Description
 

En 1881, Antonio López, premier marquis de Comillas, a manifesté aux jésuites sont souhait de faire construire un établissement d’enseignement secondaire au sein de son marquisat, pour les enfants défavorisés, autant de la commune que des alentours. Les jésuites refusèrent d’accéder à cette demande, estimant que Comillas est une localité mal desservie et faiblement peuplée. Le Père Tomás Gómez Carral proposa en revanche au marquis de bâtir un séminaire, en vue de l’évangélisation de l’Amérique.

 

Lors d’un entretien entre les deux hommes, le marquis persista dans son projet initial. Cependant, face à l’insistance du Père Gómez, il accepta de lui verser une première somme d’argent, afin d’entamer les démarches des travaux du séminaire et l’acquisition de la colline de La Cardosa.

 

Au décès du marquis, le 17 janvier 1883, son fils Claudio López Bru augmenta l’apport financier du son père, permettant ainsi l’élaboration des plans et la pose de la première pierre, le 20 mai 1883. Les plans furent dessinés par l’architecte catalan Joan Martorell i Montells, alors au service du marquis à Barcelone et en charge du complexe monumental de Sobrellano à Comillas. La distribution du bâtiment fut adaptée, conformément à la méthode jésuite, en plaçant l’église au centre et, de chaque côté, deux cours destinées à la communauté et aux cours, respectivement.

Le séminaire s’intègre dans la tendance de l’historicisme, propre à la fin du XIXe siècle, en employant les styles gothique et mudéjar, qui étaient considérés comme la véritable architecture espagnole. Les façades du bâtiment allient maçonnerie et briques, tout en incluant des carreaux de mosaïques de tradition médiévale et de la Renaissance pour revêtir l’extérieur de l’église. Des voûtes de briques catalanes courbées couvrent le chevet et la nef de l’église, ainsi que la citerne souterraine, un extraordinaire espace qui conserve encore toute son essence esthétique et lumineuse, sous le cloître principal.

L’exécution des travaux a été confiée à l’architecte catalan Cristóbal Cascante i Colom, jusqu’à son décès en 1889, ayant alors été remplacé par Lluis Doménech i Montaner, qui a achevé la construction du bâtiment en 1892. Doménech a procédé à quelques changements par rapport aux plans de départ de Martorell, plus innovants et plus imaginatifs, en employant les moyens industriels de la construction dans un projet élaboré d’efficacité et d’économie des matériaux.

Doménech i Montaner a conçu la porte des vertus, le hall d’entrée et l’escalier, avec ses arcatures, ses vitraux, ses peintures et son plafond à caissons de bois, le grand amphithéâtre, la chapelle domestique et l’église. Pour sa décoration, il a été fait appel aux peintres Eduardo Llorens i Masdeu, Josep María Tamburini Dalmau et Joan Llimona, aux sculpteurs Eusebi Arnau Mascort et Joan Roig Soler, aux vitriers Audaldo Ramón Amigó et Antoni Rigalt i Blanch, ou encore à la fonderie Masriera & Campins, entre autres. C’est à l’intérieur de l’édifice que le langage symboliste de ses formes et ses éléments artistiques – colonnes, retables, sculptures, peintures, vitraux, arcatures, tétramorphes, anagrammes, motifs végétaux, anges, vertus, animaux, sibylles, etc. – atteint son apogée. Une attention particulière doit être portée à la vaste fresque qui, tel un tapis, recouvre dans tout son périmètre supérieur la salle du grand amphithéâtre. Eduard Llorens i Masdeu a peint, sur ces toiles sur table, une procession solennelle vétérotestamentaire qui oppose l’Ancien et le Nouveau Testament, autour de l’arche de l’alliance. Pour toutes ces raisons, le grand séminaire de Comillas représente le triomphe de l’art chrétien et est le résultat de la sage combinaison de tous les arts, les techniques et le langage symboliste en un projet unitaire qui étouffe les individualités.

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